28.4.12

Partage (1) De la douceur de la pluie. Urban Green Guerilla with Designer Vanessa Harden
























Pictures from Vanessa Harden's blog


The members of London Guerilla Gardening secretly meet at night to illegally plant flowers, shrubs and vegetables in neglected urban spaces. Although their actions seem harmless, they are still viewed by the authorities as illegal and prosecutable. With her project "Subversive Gardener", UK based Canadian designer Vanessa Harden has been exploring various methods to help them growing urban island veggie patches. She created gardening tools from familiar everyday objects looking at various methods of disguising gardening paraphernalia in everyday attire and accessories, drawing on influences from militaria and spy gadgetry. With her project the Horticulturalist, she designed  a collection of artefacts using the aesthetics of the Victorians to imagine how they would have masked the illicit sowing of seeds. It is how she  came to imagining clandestine containers for her "Seed Pill", a ball made of clay, compost and seeds that can be discreetly dropped any where in the city. She went a step further  conducting guerilla gardening workshops in schools. After learning how to make their own seed pills the children are told how to secretly drop  the pills in neglected areas in and around their neighbourhood. For their 2011 GROW event, Selfridges commissioned her pieces. In addition of displaying her most striking devices, her Victorian artefacts, pillboxes and snuff boxes were then available for purchase. 
Learn more about it by visiting her blog: The Seedpill project




Ces dernières trois semaines de pluie continuelle ont gorgé la terre d'une eau généreuse et féconde. Les sillons noirs de la terre grasse de mon potager fraîchement retournée n'attendent plus que les semis et les jeunes boutures. C'est une parcelle de jardin partagé près de la rivière avec de vieux arbres fruitiers qui donnent des fruits chétifs mais très parfumés. J'ai tenté de multiplier des framboisiers et des groseilliers selon une méthode apprise de jardiniers plus expérimentés. Il s'agit tout simplement de couper un morceau d'un petit fruitier déjà bien installé et de le planter dans la terre humide... au bon moment. Et c'est là tout l'art du jardinier que de savoir attendre et regarder. Tant mieux si la nature se fait à nouveau une place en ville. Qui dira la douceur de cette pluie de printemps qui exhale une odeur d'humus et de vers de terre? 

Sur cet élan des nouveaux urbains pour l'activisme potager:  Ma ville en vert, Editions Thames & Hudson. Compte-rendu de lecture sur Eco-quartiers.

A signaler la toute nouvelle revue We Demain, qui s'est donné pour but d'accompagner l'émergence d'un nouveau monde fait de partage et d'innovation.  
 Vert sur la ville, p. 47. En librairie et en kiosque , n°1 avril 2012.




Culture de rue à Chicago

26.4.12

Bestiary(4) L'étrange et le merveilleux de Denis Polge












Série Animals







Série Fetish


S’il est au sens classique du terme un sculpteur animalier – allant jusqu’à fondre dans le bronze comme Barye, Pompon ou Flanagan taupe et mulot -, quand le plus gros du bestiaire fait l’éloge de la collecte des matériaux et du bricolage, il ne peint qu’en de rares occasions des animaux à plume sauf quand il chasse sur les terres des Primitifs italiens. De cet amour, il dit : Vivent les animaux à poils, à panaches (sauf les autruches)! Tout ce qui a du pelage et de la moire de plume. Tout ce qui appelle à être touché du regard, c'est-à-dire non touché. Tout ce qui procure une jouissance ou sa frustration, sa retenue… du pubis et de la couleur.


Il ajoute : Oui il y a du plaisir en même temps que de la frustration... Mais c'est très bien comme ça. La frustration c'est ce qui permet de renouveler le plaisir. Et ce qui le préserve d'être consommé; ou ce qui lui permet d'être consommé à nouveau sans en être jamais rassasié... 
Il déclare aimer : Les oiseaux aux pieds de Saint-François, les pigeons et les coqs qui sont plus merveilleux que les paons. Les chèvres de Giotto. Mais j’aime aussi les papiers de bonbons, les scories des trottoirs (Paris est plein de pétales entre les coulures de pisse). Et les fleurs de courge*.
*Ecrits de Denis Polge, Lagnes, octobre 2010, correspondance avec l’auteur. 
Xavier Girard, Fragments de paradis. Extrait.


Animal Fétiche

Il les appelle ses petits objets votifs, ses attrape-cauchemars. De quels fantasmes sont-ils les leurres? De quel fonds sont-ils l'inventaire? De quelles scories et reliquats de l'âme sont-ils la conjuration? Entre jouissance et frustration, ils se tiennent sur le territoire hésitant de la psyché enfantine mêlant innocence et culpabilité. Qu'ils disent le malaise de pulsions primitives, qu'ils soient les vestiges de petits meurtres ou de petites prières instantes, ils interrogent l'essence même de notre civilisation*. J'éprouve un frisson de curiosité à l'idée de peut-être un jour pousser la porte de cet atelier. 








Denis Polge, Fragments de paradis,  texte de Xavier Girard. La Pionnière, 2010
Denis Polge, Autres Rives,  textes de Xavier Girard et Henry Mathieu. Le Promeneur,Gallimard, 2009
Denis Polge, Les Eaux Dormantes,  textes de Patrick Mauriès, François-Xavier Lalanne, Richard Stamelman, Henry Mathieu. Le Promeneur, Gallimard 2007





Denis Polge est un des artistes de la Galerie F. de Nobele, 2 rue  de Bourbon Le Château , Paris VI




*Freud,  Malaise dans la civilisation, 1930


21.4.12

Dandysm. Fuzzy or Hairy? Bellocq's Wild Tea Party






The spotted hawk swoops by and accuses me, he complains of my gab and my loitering.
I too am not a bit tamed, I too am untranslatable,
I sound my barbaric YAWP over the roofs of the world.
Walt Whitman, Leaves of Grass














Photos ©  Susanna Howe


Baudelaire écrit dans Mon coeur mis à nu, "Le dandy doit aspirer à être sublime sans interruption, il doit vivre et dormir devant un miroir." Dans l'esprit de Baudelaire qui considérait le dandysme comme une métaphysique, il s'agirait d'un miroir de l'âme. L'attention extrême que le dandy porte à sa mise, à son langage, à son maintien et à son attitude ne serait qu'un  reflet de sa distinction, "de la supériorité aristocratique de son esprit."* Le dandysme comme  ascèse ultime donc. Qui sont les vrais dandys? Pas forcément ceux qu'on croit, ceux qu'on voit... Le dandysme serait un acte d'héroïsme qui aurait pour  périmètre d'action  privilégié la vie quotidienne et ses rituels obligés. Le dandy se jouerait des codes, les transgresserait dans une rébellion perpétuelle, une insoumission permanente  mélancolique ou jubilatoire. "Que ces hommes se fassent nommer raffinés, incroyables, beaux, lions ou dandys, tous sont issus d’une même origine; tous participent du même caractère d’opposition et de révolte; tous sont des représentants de ce qu’il y a de meilleur dans l’orgueil humain, de ce besoin, trop rare chez ceux d’aujourd’hui, de combattre et de détruire la trivialité." 
*Le peintre de la vie moderne, IX. Le Dandy, 1863. Baudelaire litteratura.com


Ces photos viennent de l'article Noble Savages, A Men's Tea Party de Susanna Howe pour le New York Times Style Magazine. On aperçoit Michael Shannon,  un des fondateurs de Bellocq Tea Atelieren train de tricoter. Un clin d'oeil  à Lytton Stratchey ou à William Morris qui s'adonnaient volontiers à ce passe-temps créatif?


 Wieki Somers High Tea Pot, 2003
Voir  Vanitas (1), Wieki Somers

19.4.12

In Praise of Slowness (3) Malin Elmlid's Bread Exchange












Photographies by Freunde von Freunden


© 2012 by miss Elmlid


Today I would like to share with you my newest finding. Maybe you already know about it ... Malin Elmlid is a Swedish girl living in Berlin. After much traveling and bad eating, she decided to cut white bread out of her diet. She simply did not want to eat boosted bread with yeast and additives. She just wanted good  simple bread made out of long-time traditional three indredients, flour water and salt. She turned back to basics and started testing baking white sourdough bread herself. It seems to have been quite a long and mysterious process to make it. She had always something bubbling in every corner of her home. "My sourdough takes at least 24 hour to make and I am folding it every 20 min the first hours – sometimes I put my alarm at night." Sriving for quality she even took an internship at a bakery in Sweden. Back in Berlin she baked more and more and discovered that when she started to give her bread, people naturally started to give her things in return. So she started to trade and it is how the little project of the Bread Exchange came to life. "The idea is very simple. I bake white yeast-free sourdough bread (since it is pretty much impossible to buy in Berlin), and trade it with people for things that they can do better than I can. It can be anything, really. It does not have to be food related." What she calls "Mister sourdough" was born five years ago in London and has travelled the world now as she never goes on the road without taking "him" in her suitcases and bake her bread wherever she happens to be. She has been trading with over 1000 people now. "Every trader has a story to tell about its choice of trade so every bread is full of stories." I thoroughly browsed her blog but my curiosity has not been yet fulfilled. I hope to find more about these stories since I asked to join the Bread Exchange group. What do you think about it? If you bake good simple bread yourself please let me know and share your skills. 





Mister sourdough
Malin's website

17.4.12

In Praise of Slowness (2) L' arithmétique de Marguerite Duras





La cuisine de Neauphle le Château, Jean Mascolo.


Liste dans la cuisine de Neauphle le Château



A Neauphle-le Château, dans ma maison de campagne, j’avais fait une liste des produits qu’il fallait toujours avoir à la maison. Il y en avait à peu près vingt-cinq. On a gardé cette liste, elle est toujours là, parce que c’était moi qui l’avait écrite. Elle est toujours exhaustive. La liste est toujours là, sur le mur. On n’a ajouté aucun autre produit que ceux qui sont là. Aucun des cinq à six cents nouveaux produits qui ont été créés depuis l’établissement de cette liste en 20 ans, n’a été adopté
Je ne supporte pas du tout qu'il n'y ait rien à manger à la maison... Si vous voulez,  c'est un petit peu étrange... ça, chez moi...Il manque par exemple des oeufs ou bien il manque du beurre ou il manque des fruits, ça me torture. Il me semble que c'est toute la maison, qui est atteinte, qui penche, qui penche comme les fleuves de mon enfance pour aller vers l'océan... qui va à vau-l'eau, parce qu'il manque une chose vitale... On dit toujours, s'il n'y a pas de sel, y'a rien. Moi ça prend des formes extrêmes... S'il n'y a pas de citron, y'a rien... S'il n'y a pas de thé, s'il n'y a pas de Earl grey, y'a rien. A la rigueur il pourrait ne pas y avoir de pain, mais s'il n'y a pas de pommes, alors par exemple, y'a rien du tout... S'il n'y a pas de sauce indochinoise, je m'en vais, je quitte la demeure... J'ai un problème de superposition... Si je ne peux pas superposer deux bouteilles d'huile, il n'y en a pas... Si je n'ai pas la bouteille qui attend que celle qui est en cours soit terminée, je suis sans huile... S'il n'y a plus que le sel qui est dans la boîte à sel sans un kilo qui est dans le placard, je suis sans sel... Ca me rend la vie infernale, je suis toujours obligée de vérifier deux fois tout... C'est vrai, je suis comme ça... C'est un caractère malheureux comme dirait ma mère. C'est un truc arithmétique, c'est 1=0, 1+1+1, c'est ça l'équation, enfin le mode de calcul que je fais dans ma tête...
Extraits du décryptage Le bon plaisir de Marguerite Duras, France Culture, octobre 1984, INA.


Et vous? Vous êtes pain ou pommes? De quoi vous est-il insupportable de manquer? Je ne me souviens plus quand j'ai trouvé ce petit ouvrage. D'habitude, j'écris la date dans mes livres avec mon nom et parfois quelques détails sur les circonstances de sa lecture. Je sais simplement que ce livre m'a tout de suite été très cher et qu'il m'a accompagnée depuis. J'y trouve des vérités enfouies qui vont bien au-delà de ce que disent les textes ou les photos. Il y a dans le rapport de chacun à la nourriture des informations si importantes sur la personne que ce rapport là est comme l'ADN  pour tout organisme. Il recèle d'une certaine manière une partie de notre histoire et de notre  hérédité.

Duras, La cuisine de Marguerite, Benoît Jacob, 1999. Livre interdit d'exploitation, voir l'article de Wikipédia et celui de Blog de luxe.




16.4.12

Un peu de douceur. Le petit monde de Yumiko Froehlich
















Par delà la petite porte


L’autre jour, j’ai découvert une petite porte dans un coin de ma chambre.
Je me suis approchée et il y avait une minuscule famille en train de prendre le thé !
Ils avaient l’air contents de me rencontrer. J’ai même reçu un petit morceau de gâteau au fromage.
Ce matin,  je suis retournée voir dans le coin, mais la porte n’y était plus ! Avais-je donc rêvé ?
Mais dans ce cas, d’où viennent la petite fourchette et l’assiette en carton ?





Aujourd'hui j'ai découvert le blog de cette jeune artiste japonaise  installée à Paris et j'ai tant été sous le charme que je l'ai parcouru en entier comme un album. Il y a des histoires faites avec presque rien. Régression totale, j'avais cinq ans, peut-être moins et j'ai ressenti le même frisson que j'avais oublié et que je me suis rappelée quand je jouais, cachée dans un placard, à me raconter des histoires  avec de minuscules poupées de paille. Pour entrer dans son blog, c'est par ici, Yumiko Froehlich






 ©2012 Yumiko Froehlich

14.4.12

Composed Silence. John Cage' s Indeterminacy





Unknown source




10 Stones, 1989



Ensemble Garage Kolumba Museum,
 John Cage: number-pieces  March 30,  2012




Andreas Pohlmann

We      have      the      impression      that
we’re      learning      nothing,
                   but      as      the      years
 pass                    we      recognize      more
    and      more      mushrooms                    and
     we      find                    that      the
 names      that      go      with      them
          begin      to      stick      in      our
   heads.
                                                      
Furthermore,                                        we’re
     still      alive.

            However,      we      must      be      
cautious.
        Guy      Nearing      sometimes       says
    that       all       mushroom       experts
 die       from       mushroom       poisoning.
                                                  Donald
      Malcomb       finds                     the
 dangers       of       lion       hunting
         largely       imaginary,
                     those       of       mushroom
   hunting                      perfectly       real.


  A Year from Monday: new lectures and writings by John Cage.
 Wesleyan University Press, Hanover, 1967.





Ray johnson A Shoe
(John Cage Shoes) 1977
It is all about time and indeterminacy. It was wrongly understood as chaos or confusion but it is quite the contrary. John Cage's work in any field he explored is obsessively composed and organised. He turned to the I ching, one of the oldest chinese classic texts of  cosmology and philosophy  to devise random laws of composition. A structured method for creating music or prose through chance operations. I have just discovered Eddie Kohler's website Indeterminacy. He is  a professor of computer science at Harvard and  his site archives 190 of  John Cage's paragraph-long stories. Each story was devised by the musician so that they can  be read  aloud  at a rate of one a minute.  Beware  it’s addictive to click and get a new story, then to click again, and again, and again. 
Matthew Rose's article and The Rand Corporation, John Cage and the I Ching



13.4.12

Bestiary and Trinkets. Jessica Barensfeld's World of Adornment


















Jessica Barensfeld is a jewelry designer, together with photographer Simon Howell they have created their own nest and stylelife  in Williamsburg Brooklyn. Simon being an Englishman from Yorkshire and Jessica  being born in Manhattan, they have somehow brought old York and new York a little  closer. Jessica decided to leave her job to dedicate herself to her passions, knitting, creating jewelry and surfing. They come up with new projects all the time. They have just started an online shop selling  wooly hats, lovingly hand knit either by Mama Simon in Yorkshire or by Jessica herself. "Keep it simple" could be their motto. "Sometimes, it can feel like a waste of time and it is not easy. It can be very tense and difficult. I was having a much more stable life with my full time position, but the rewards I get now are so much greater. Yes, I do have money freak outs, but we make it happen, which is the amazing thing about being with Simon. Every month somehow we do make it happen." Interview from Freunde von FreundenThey enjoy timelessness in company of their two black cats and a barrowed dog. I enjoyed her diary blog so much, click here to enter her world of bears, Bears in a field